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Utilisation de la théophylline reconditionnée lors d’asthme chez un chat

Anamnèse et commémoratifs

Oslo est un chat européen mâle castré de 1 an, qui est présenté en consultation chez son vétérinaire traitant pour une toux chronique.

Il vit en appartement avec un autre chat. Il est correctement vacciné typhus-coryza.

 

Depuis plusieurs mois, Oslo présente des épisodes de toux quinteuse, non productive, plusieurs fois par jour, allant parfois jusqu’à la détresse respiratoire. Les propriétaires ne rapportent aucun événement pouvant être en lien avec la survenue de la toux : pas de changement d’environnement, pas de litière parfumée, de fumeurs en intérieur, pas de parfum d’ambiance, pas d’encens. Par ailleurs, l’autre chat du foyer ne présente aucun symptôme.

 

A l’examen clinique, Oslo présente une discrète dyspnée expiratoire, et l’auscultation révèle de discrets sifflements expiratoires intermittents. Le reste de l’auscultation et de l’examen clinique sont sans anomalie.

Examens complémentaires

Des radiographies thoraciques sont réalisées par le vétérinaire traitant (réf 1 et 2). Le parenchyme pulmonaire présente une opacité bronchique diffuse modérée objectivée par la présence de lésions en anneaux. Le cœur et le reste des structures thoraciques et extra-thoraciques sont sans anomalie.

Un bilan sanguin complet est réalisé (numération formule sanguine, bilan biochimique, réf 3 et 4) et ne révèle aucune anomalie.

Ces lésions ainsi que les commémoratifs sont compatibles en priorité avec de l’asthme félin ou une bronchite chronique, moins probablement avec une bronchite parasitaire (aelurostrongylose). Une surinfection bactérienne est possible mais peu probable, en raison de la présentation clinique.

Mise en place du traitement

Dans un premier temps, et en accord avec la propriétaire, une épreuve thérapeutique avec une vermifugation large spectre et une corticothérapie orale (prednisolone 0,5 mg/kg PO SID pendant deux semaines puis baisse à 0,25 mg/kg PO SID pendant deux semaines) est mise en place. Il est également recommandé de limiter l’exposition aux substances irritantes (huiles essentielles, fumées, encens, poussières…).

 

Une visite de contrôle est prévue un mois après la mise en place du traitement. Les propriétaires rapportent une amélioration significative des symptômes dès la mise en place du traitement, avec une quasi-absence de toux et de crises de détresse respiratoire les deux premières semaines. Néanmoins, après la diminution de la dose de prednisolone, les quintes de toux ont repris (environ une à deux quintes par jour, et deux crises de détresse respiratoire en deux semaines).

 

L’hypothèse d’asthme félin est donc privilégiée au vu de la réponse au traitement.

 

Après discussion avec les propriétaires des différents effets délétères de l’utilisation de corticoïdes à long terme, il est décidé de rester à une dose de prednisolone de 0,25 mg/kg PO SID, et d’ajouter des inhalations au plan thérapeutique : de la fluticasone est prescrite, à utiliser via une chambre d’inhalation (type Aerokat ND), matin et soir pendant 2 semaines. Si la réponse à ce traitement est bonne, la dose de prednisolone sera diminuée à 0,25 mg/kg PO un jour sur deux.

 

Du salbutamol est également prescrit, à utiliser par voie inhalée en cas de crise de détresse respiratoire.

Suivi de traitement

Les propriétaires reviennent en visite de contrôle 1 mois après la mise en place des inhalations.

Oslo tolère très bien le système Aerokat, et le traitement combiné de prednisolone à 0,25 mg/kg PO SID et de fluticasone inhalée BID était très satisfaisant, puisque quasiment aucune quinte de toux n’a été observée pendant cette période.

Néanmoins, Oslo a recommencé à présenter des symptômes dès que la prednisolone a été donnée un jour sur deux, au bout de deux semaines. Le salbutamol a du être utilisé à deux reprises.

 

Il a été décidé d’ajouter une troisième molécule au plan thérapeutique : la théophylline en libération prolongée reconditionnée, une gélule de 25 mg PO, à administrer le soir. La prednisolone 0,25 mg/kg PO un jour sur deux et la fluticasone inhalée BID sont continués en parallèle.

 

Une consultation de suivi est prévue 1 mois plus tard : les propriétaires rapportent une très bonne tolérance à ce traitement. Oslo n’a présenté aucune crise de détresse respiratoire, les quintes de toux sont rares, et l’administration des différents médicaments est plutôt aisée et sans effet secondaire. Le traitement est donc poursuivi potentiellement à vie, avec des contrôles à prévoir régulièrement, notamment des prises de sang afin de contrôler les paramètres rénaux et hépatiques au moins une fois par an.

Intérêt de la théophylline en médecine vétérinaire

Il n’existe pas de forme vétérinaire de la théophylline pour l’instant. En médecine humaine, la théophylline à libération prolongée existe sous forme de gélules dosées à 50, 100, 200 ou 300 mg.

 

Il semble donc compliqué d’administrer une dose journalière correcte pour des petits animaux. Oslo avait par exemple besoin de 25 mg par jour, il faudrait donc diviser la gélule avant de l’administrer. Généralement le traitement est prescrit à vie, d’où l’intérêt de faire reconditionner la théophylline, en libération immédiate ou prolongée, avec un dosage adapté à l’animal, et ainsi s’assurer que la dose journalière administrée est correcte. Plusieurs formes galéniques sont possibles : gélules (LP ou LI), sirop (LI, qui existait auparavant en médecine humaine mais plus maintenant), pâte orale (LI), trochisques (LI)… De plus, les médicaments peuvent être aromatisés (thon, bœuf, poulet, etc…) afin de les rendre plus appétents et faciliter l’observance du traitement.

 

Annexe 1 : radiographie thoracique, profil droit

Annexe 2 : radiographie thoracique, face

Annexe 3 : numération formule sanguine

Annexe 4 : biochimie sanguine

Sources :

 

  • Thèse : « Nouveautés thérapeutiques dans le traitement de l’asthme félin », V. VANNEPH, 2009
  • Thèse : « Accompagnement personnalisé du propriétaire de chat atteint de maladie chronique », J. GARNODIER, 2020
  • « Les traitements de l’asthme du chat », Le Point Vétérinaire n° 303 du 01/03/2010

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