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Utilisation de l’acide ursodésoxycholique reconditionné lors de cholécystite

Anamnèse et commémoratifs

Polly est un chien pinscher nain femelle stérilisée de 11 ans et pesant 4 kg, qui est présentée en consultation pour abattement, dysorexie, adipsie, ptyalisme et vomissements évoluant depuis 72 heures.

Elle vit en appartement sans congénère. Elle est correctement vaccinée CHPPIL et traitée régulièrement contre les parasites internes et externes.

A l’examen clinique, elle présente une hyperthermie à 40.2°C, une douleur à la palpation abdominale et des muqueuses modérément ictériques.

Examens complémentaires

Un bilan sanguin complet est réalisé et révèle une leucocytose, une hyperbilirubinémie (23 μmol/L), et une augmentation sévère des paramètres hépatiques (PAL = 3634 U/L ; ALAT = 648 U/L ; GGT 59 UI/L). Le ionogramme, les gaz du sang et les temps de coagulation sont sans anomalie.

Une échographie abdominale est effectuée et montre un épaississement et une irrégularité de la paroi de la vésicule biliaire avec présence de boue biliaire. Les voies biliaires ne sont pas obstruées.

Les échographies A-FAST et T-FAST sont négatives.

Du liquide biliaire, prélevé par cholécystocentèse échoguidée, est envoyé pour analyse bactériologique et confirme par la suite une cholécystite bactérienne à Enterococcus faecium, sensible à l’amoxicilline et l’acide clavulanique.

Des biopsies hépatiques sont également réalisées et ne présentent pas d’anomalie significative.

Hospitalisation et mise en place du traitement

Après la consultation, Polly est hospitalisée sous fluidothérapie (Ringer Lactate). Une antibiothérapie large spectre (amoxicilline-acide clavulanique) par voie intraveineuse est commencée en attendant les résultats de la bactériologie, ainsi qu’un traitement antidouleur (buprénorphine 20 μg/kg). Un traitement de soutien hépatique est parallèlement mis en place, à base de S-adénosylméthionine 10 mg/kg PO SID et d’acide ursodésoxycholique reconditionné à raison d’une gélule de 40 mg par jour afin d’atteindre la dose recommandée de 10 mg/kg PO SID. Du citrate de maropitant par voie intraveineuse à 1 mg/kg SID est également administré.

Une amélioration clinique est observée rapidement en 48 heures, avec une reprise de l’appétit et une diminution de l’ictère.

Polly est donc rendue à ses propriétaires avec un traitement à base de citrate de maropitant 2 mg/kg PO SID pendant 3 jours, amoxicilline et acide clavulanique 20 mg/kg PO BID (au moins 4 semaines), acide ursodésoxycholique 1 gélule reconditionnée de 40 mg par jour jusqu’au contrôle, S-adénosylméthionine 10 mg/kg PO SID jusqu’au contrôle, et une alimentation hautement digestible.

Suivi de traitement

Une dizaine de jours plus tard, un contrôle est réalisé. Une résolution complète des signes cliniques est rapportée. Une amélioration significative des paramètres hépatiques est notée (ALAT = 115 U/L ; PAL = 427 U/L). La dose d’amoxiciline et acide clavulanique est passée à 10 mg/kg PO BID, avec maintien de l’acide ursodésoxycholique à 10 mg/kg PO SID (1 gélule reconditionnée de 40 mg par jour) et de l’alimentation hyperdigestible. Une quinzaine de jours plus tard, une normalisation des paramètres hépatiques est (ALT = 105 U/L ; ALP = 129 U/L). L’anbitiothérapie est arrêtée. L’acide ursodésoxycholique et l’alimentation sont poursuivis pendant encore deux mois.

 

Intérêt de l’acide ursodésoxycholique en médecine vétérinaire

Les affections hépatiques et biliaires sont fréquentes chez le chien et le chat, il y a pourtant peu de traitements disponibles sur le marché vétérinaire. L’acide ursodésoxycholique est une molécule de choix dans la gestion de ces affections.

L’acide ursodésoxycholique est un acide biliaire naturel présent dans la bile en très petite quantité. Il a une action antioxydante par ses pouvoirs anti-cholélithiasique et cholérétique (= favorise la sécrétion de bile par la vésicule biliaire et empêche l’accumulation de composés potentiellement toxiques). En raison de ces propriétés, l’acide ursodésoxycholique est indiqué chez les individus atteints de cholestase, cholangite, cholécystite, cholélithiases et les hépatites chroniques actives sauf en cas d’obstruction des voies biliaires. La dose recommandée est de 10 à 15 mg/kg PO SID, à donner lors d’un repas pour augmenter la biodispoinibilité. Les seuls effets secondaires rarement rapportés sont l’apparition de vomissements et de diarrhée.

Il n’existe pas de forme vétérinaire pour l’instant. En médecine humaine, l’acide ursodésoxycholique se vend sous forme de gélules, dosés à 200 ou 500 mg. Il semble donc compliqué d’administrer une dose journalière correcte pour des petits animaux. Un chat a par exemple besoin de 50 mg par jour, il faudrait donc diviser la gélule en 4 ou 10. Et généralement le traitement est long, sur plusieurs semaines ou mois. D’où l’intérêt de faire reconditionner l’acide ursodésoxycholique en gélules, dosées en fonction de l’animal, et ainsi s’assurer que la dose journalière administrée est correcte. D’autres formes galéniques sont également possibles : suspension, pâte orale… De plus, les médicaments peuvent être aromatisés (thon, bœuf, poulet, etc…) afin de les rendre plus appétents et faciliter l’observance du traitement.

Sources :

  • Thèse : « Utilisation des antioxydants en hépatologie chez les carnivores domestiques », M. Chabaud, 2007.
  • ACVIM consensus statement on the diagnosis and treatment of chronic hepatitis in dogs

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